Annuaire européen d'administration publique n° 30 - Année 2007

Les analyses convergent toutes sur ce point : la formation est la clé, ou l’une des clés, du développement, qu’il s’agisse des pays en développement ou des pays développés. Si toutes les étapes, les phases et les formes de cette formation sont indispensables à un pays, l’enseignement supérieur représente la partie, non seulement la plus prestigieuse mais également, et surtout, la plus cruciale de cette formation. L’enseignement supérieur est destiné à former les cadres, les ingénieurs, les formateurs de haut niveau, de nombreux dirigeants en sont issus. De cet enseignement supérieur, c’est-à-dire des choix qui sont faits en sa faveur (ou en sa défaveur) dépend largement l’avenir d’un pays. Certains pays dits en développement ont massivement investi, et à juste titre, dans l’enseignement supérieur, les effets s’en font sentir sur la croissance. Des différences considérables peuvent être relevées entre les États selon, notamment, qu’il existe – cas le plus fréquent – une dualité de structures avec des universités publiques et des universités privées, ou que seul existe, en fait, un système public. Quel que soit le système adopté, quelles que soient les différences entre les pays, le rôle des pouvoirs publics n’est jamais négligeable, il peut être déterminant, à la fois en ce qui concerne les structures, les enseignements, la gestion (la gouvernance, comme l’on aime dire aujourd’hui), qu’en ce qui concerne les personnels. Les choix effectués ne sont jamais anodins, ils engagent un pays pour de nombreuses années. Ces choix sont d’autant plus difficiles à faire qu’un pays ne peut plus penser, raisonner et agir comme s’il était seul. Les universités, qu’elles le veuillent ou non, se trouvent placées aujourd’hui dans un contexte de compétition internationale, de concurrence, et les classements que l’on a vu apparaître mettent en évidence, avec tous leurs défauts, cette concurrence qui ne pourra que s’accentuer dans l’avenir. Les nations européennes ont engagé une politique audacieuse de rapprochement des systèmes de formation, mais de nombreuses interrogations subsistent. L’Europe saura-t-elle maintenir le rayonnement qu’eurent certaines de ses universités il y a plusieurs siècles ?