La catastrophe ou l’art de frissonner (encore)
- Incertains regards. Cahiers dramaturgiques
Individuelle et/ou collective, prévisible ou inattendue… la catastrophe est, le plus souvent, appréhendée au prisme de l’apparition d’un désordre, de plus ou moins grande échelle, qui dépasse toute rationalité. Le sujet est alors rattrapé par une émotion intense : un frisson. Parlant de « catastrophe », il pourrait s’agir de questionner la concordance entre ce qui est perçu comme un chaos qui vient mettre à mal un ordre, et le trouble radical qui saisit le sujet, lequel en est l’objet ou le témoin. Dans l’un et l’autre cas, dans la relation entre le sujet et l’événement, la catastrophe pourrait ainsi être appréhendée ou définie comme la fin d’un « monde neutralisé », livrant passage à un « inter-monde ». Se dessinent donc, quand la catastrophe est évoquée, deux paradigmes où, dans l’un, le domestique, le figé, le neutralisé… correspondent à un certain état du monde connu ; quand dans l’autre, l’imprévisible, le mouvant et la plasticité… forment un inter-monde incertain. La catastrophe met ainsi fin à la permanence d’un ordre par le trouble et le dérèglement. Dès lors, peut-être faut-il s’interroger sur les véritables enjeux de la catastrophe et le rapport qui est entretenu au « désordre » qui, d’un concept deleuzien (quand il parle du « chaos-germe » ou d’un « catastrophe-germe »), loin de se limiter aux scénarii hollywoodiens, a peut-être encore à voir avec une disposition renouvelée de la pensée. Ou quand « frissonner » c’est encore penser, notamment en dans les Arts.
- Nouveauté