Le commerce du sexe en Asie du Sud-Est, n° 29
- Moussons
Activité tolérée voire illégale selon les pays et de ce fait malaisément mesurable, la prostitution n’en a pas moins en Asie du Sud-Est un poids économique considérable. Aux stéréotypes de la littérature coloniale ou aux traditions locales a succédé un véritable marché alimenté par la demande propre à ces pays, elle-même attisée par l’urbanisation accélérée, les inégalités croissantes et le tourisme dit « sexuel » mondialisé. L’étude du « phénomène prostitutionnel » en Asie du Sud-Est a bénéficié des enquêtes occasionnées par la propagation du Sida dans la région dans les années 1990. Ces dernières sont cependant loin d’avoir répondu à la somme de questions économiques, sociales, politiques, juridiques que soulève un tel thème. Par goût de la théorie ou simple militantisme, trop d’auteurs ont sauté l’étape de l’historien, du géographe, du sociologue et de l’ethnologue pour se lancer dans des économies de la prostitution qui reposent sur des terrains partiels. Ce numéro résolument pluridisciplinaire fait la part belle à l’histoire via les littératures locales, coloniales, les archives, les rapports médicaux, etc. afin d’analyser les aspects qu’a pu revêtir ce phénomène à diverses époques et en divers lieux ; à la sociologie, en s’interrogeant sur les pratiques, les itinéraires des travailleurs du sexe, les réseaux, leur organisation ; à l’anthropologie, pour décrire les relations entre les acteurs, le passage d’une prostitution « traditionnelle » et « locale » à une prostitution « moderne » et « internationale » ; à la géographie, pour identifier les flux de personnes, les réseaux et leur localisation ainsi que mettre en évidence la grande mobilité des différents acteurs impliqués, ainsi qu’à la littérature en langue vernaculaire.
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