La construction d’une culture de l’intimité familiale
- Rives méditerranéennes
Ce numéro interroge le « tournant affectif et intime » ayant accompagné les changements de la sphère familiale dans l’Italie contemporaine. Par un travail empirique et théorique apte à démêler les entrelacs des pratiques intimes et des discours publics, les articles ici rassemblés nous distancient de narratives centrées sur une prétendue « anomalie » italienne. Ils attirent plutôt l’attention sur la complexité des processus socio-historiques et visent à relever les contradictions qui se nouent autour de l’institution familiale et des enjeux de sa production politique et publique. Or la famille ne se replie pas sur son intimité ; bien au contraire, c’est son intimité qui se déplace au cœur de l’attention publique et soulève l’intérêt des producteurs divers des discours et des normes (État, Église catholique, mouvements sociaux, presse, experts). Au cours du XXe siècle, aux frontières de l’espace privé et de l’espace public, un travail idéologique et de réforme assigne une place nouvelle aux enfants, aux femmes et aux étrangers. Le contrôle de leur intimité par la gestion de la sexualité et de la formation des unions, par l’encadrement de la filiation et la redéfinition de la parentalité et des taches familiales relèvent des préoccupations sociales et culturelles précises : la reproduction nationale et l’ordre des rapports sociaux de sexe, de racisation et de générations dans un contexte où l’État providence s’avère être, au fil du temps, de plus en plus « familiste ».
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