Du rythme de/à l’œuvre
- Incertains regards. Cahiers dramaturgiques
Si l’on en croit Laurent Vidal dans Les hommes lents, résister à la modernité XVe-XXe siècle (2020), « les sociétés métronomiques », réglées sur le rapport qu’elles entretiennent à la vitesse auréolée et à la lenteur condamnée, ont pris le pas sur toute autre idée qui permettrait d’agencer différemment le monde. Le lent contrarie le rythme d’un monde qui ne jure que par le mouvement rapide. On en viendrait à oublier que questionner la « vitesse » ou la « lenteur », c’est penser ou se préoccuper des effets que l’une et l’autre ont sur ce qu’elles unissent, fragmentent ou juxtaposent en produisant des formes de cohérence attendue ou, au contraire, de dépaysement imprévisible. Dès lors, si l’on peut attendre que le motif de la vitesse et celui de la lenteur seront récurrents aux recherches proposées ici, c’est pour l’étude qu’elles feront de ce qui est appelé la TRANSITION : le/les points qui, dans la construction d’une œuvre, constituent le PASSAGE d’un état à un autre, d’un rythme à un autre, qu’il s’agisse d’une scène, d’un son, d’un énoncé, d’un motif, d’une note, d’un geste, d’une couleur, d’un espace, d’un temps… à un autre. Il s’agira dans ce volume de saisir un trait de construction, d’identifier le mécanisme d’une architecture… Peut-être parce que, à cet endroit précis de l’œuvre, dans l’apparition de cette transition ou de ce passage soumis au rythme (vitesse, lenteur), se trouve l’œuvre en elle-même, en son dépli et son repli.
- A paraître