Éducation des citoyens, éducation des gouvernants
- Association française des historiens des idées politiques
Toute la question est de savoir comment, depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine, les penseurs politiques se sont saisis de la question de l’éducation des citoyens et des gouvernants.
Au fil de l’histoire, théologiens, juristes, philosophes, praticiens ou utopistes ont traité la question éducative qui apparait comme un enjeu politique et social. Avec Socrate en effet, l’éducation est devenue une question pour les philosophes du fait que l’exercice des responsabilités politiques et la participation des gouvernés à la désignation des gouvernants supposent l’éducation des citoyens. Parallèlement, tout un discours, de l’Antiquité jusqu’à nos jours, célébrant les mérites des conseillers du prince, a été développé. La tradition du roi-philosophe platonicien, des miroirs du prince, puis Les instructions du dauphin, attestent la croyance selon laquelle le bien-être du corps politique dépend de la formation de la « tête » de l’État.
Autrefois réservée à une élite et peu institutionnalisée, l’éducation qui, selon Montesquieu : « consiste à nous donner des idées, et la bonne éducation à les mettre en proportion », s’est très progressivement ouverte au plus grand nombre et centrée sur l’école. La formation d’une opinion publique au XVIIIe siècle, de même que l’avènement de la souveraineté d’un peuple de citoyens, impliquent de concilier le nombre avec la raison, d’où la vocation de la République à être « l’institutrice du peuple » (avec une distinction de Rabaut Saint-Étienne entre instruire et éduquer qui a perdu une grande partie de sa netteté chez la plupart des locuteurs modernes). Aussi les quarante communications des Actes du XXVIIe colloque de l’AFHIP sont centrées sur trois thématiques : éduquer les élites ou le peuple ? le rôle du conseiller du prince, le lien entre souveraineté, citoyenneté et éducation en régime républicain.
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