L'art épistolaire entre civilité et civisme
- Cahiers d'études germaniques
Les numéros 70 et 71 envisagent la civilité épistolaire dans la longue durée, de Gellert à Grass. Dans le numéro 70 l’accent avait été mis non seulement sur la conservation des usages rhétoriques mais aussi sur le passage progressif de la civilité au civisme. Un des enjeux des épistoliers était déjà de discuter des affaires de la Cité dans un contexte privé ou public. Dans ce numéro 71, qui porte sur le XIXe et le XXe siècle, les articles font constater d’une part que, en termes de civilité, la diversification des types de lettres et la démultiplication des usages rhétoriques sont totalement assumées et se manifestent surtout dans les précautions de forme et de communication prises par les épistoliers en fonction du public potentiel. D’autre part leur civisme relève fréquemment d’un militantisme politique ou social et ils pratiquent de plus en plus souvent le genre de la lettre ouverte.
Le genre de la lettre ouverte avait certes déjà été pratiqué de longue date mais, après avoir été confronté à la politique de censure durant le Vormärz, il va acquérir ses lettres de noblesse après le succès foudroyant du « J’accuse » de Zola en 1898. De même, la lettre hybride, pensée à titre individuel mais adressée à un personnage public, comme les lettres adressées par Grass à Brandt, va renouveler les rapports entre intellectuels et hommes politiques allemands dans la deuxième moitié du XXe siècle, confortant de premières tentatives amorcées par August Wilhelm Schlegel et Alexander von Humboldt.
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