La religion au XXIe siècle

Ce numéro des Cahiers d’Études Germaniques interroge la place que la religion peut/doit/veut occuper dans le monde contemporain. Si pendant longtemps la sécularisation progressive de l’Occident et la disparition de la religion, voire de toute perspective transcendante non seulement du monde occidental, mais – dans le sillage de la mondialisation – du monde entier semblait inéluctable (« Säkularisierungsthese »), la situation en ce début du XXIe siècle met à mal une telle vision. Comme l’observent Hartung/Schlette (2012), même pour les principaux pays des Lumières, il n’est plus possible de parler d’un procès de sécularisation linéaire et inévitable. Si la flambée de l’extrémisme et fondamentalisme religieux (qu’il soit chrétien, comme aux états-Unis notamment, ou islamique comme au Proche-Orient) peut encore s’expliquer comme une réaction antimoderne et plutôt d’ordre politique ou social que spirituel, certains phénomènes semblent plus correspondre au « besoin métaphysique » mis à l’écart par une rationalité scientifico-économico-positiviste et fonctionnaliste, qui génère une érosion du sens et donne lieu à la nécessité pour l’homme d’une confirmation et reprise de soi-même (Selbstvergewisserung), d’une réinterprétation et d’un repositionnement de l’Homme qui dépasse les bornes d’une raison purement instrumentale.