Le rêve de Grenade

En 1993, à soixante-dix ans, Aragon publie Le Fou d'Elsa, œuvre "de haut langage" quasi testamentaire, qui brasse avec une souveraine audace les formes littéraires et les cultures. "Dans le cadre de l'Andalousie musulmane du XVe siècle — écrit Aragon —, je cherchais à traduire ce qui est le fond de ma vie et de ma propre aventure intellectuelle". L'image emblématique de Grenade est au cœur de ce livre peu connu et admirable, "où se retrouveraient, s'étreindraient, se mêleraient, se féconderaient tant de pensées secrètes, de musiques intérieurs, toute ma vie en moi portées". C'est à Grenade que se sont retrouvés pour une lecture érudite et poétique des chercheurs venus de divers horizons : linguistes, historiens, connaisseurs des littératures espagnole, arabe, persane, russe, aux côtés de spécialistes "aragoniens", ont proposé sur Le Fou d'Elsa des informations et des analyses désormais indispensables à la connaissance d'Aragon. Ce colloque était organisé par le Groupe de Recherche sur Aragon et E. Triolet (CNRS), l'Université de Grenade et de l'Université de Provence.