Savoirs appris, savoirs réfléchis, n° 23
- Moussons
Ce numéro thématique, qui se situe dans la continuité du séminaire « Savoirs locaux et constitution des savoirs en sciences humaines » organisé à l’IrAsia en 2010-2011, participe d’une anthropologie réflexive désormais entrée explicitement dans les mœurs de la discipline, ainsi qu’en témoigne la parution, ces dernières années, de plusieurs ouvrages collectifs. La question épineuse du nécessaire retour du chercheur sur les conditions de production et de restitution de ses savoirs est ici saisie à travers une mise en abyme : comment construisons-nous nos savoirs disciplinaires sur les savoirs de nos interlocuteurs ? Les auteurs de ce numéro ont donc été invités à s’emparer de cette question à double entrée : celle du fondement, de la nature, des limites des savoirs qu’ils constituent sur des objets qui tombent (ou peuvent tomber) eux aussi sous l’appellation « savoirs ». Cette question prête à diverses interprétations, et la diversité des approches rassemblées ici en est le reflet. A partir d'un terrain d'étude sud-est asiatique (à l’exception d’un article essentiellement théorique), les auteurs évoquent aussi bien des savoirs lettrés (manuscrits, connaissances scolaires, création d’une transcription du vietnamien), des savoir(-faire) artistiques (art ornemental bouddhiste), rituels ou religieux (pratiques médiumniques, ésotérisme bouddhique, divination, fondation de villages), que le savoir disciplinaire constitué sur ces objets ou sur d’autres encore (la parenté, par exemple). Si tous les auteurs ont pris à bras le corps la question du savoir et des modalités de sa constitution, ils se sont diversement appropriés l’exercice réflexif consistant à mettre en regard leur propre savoir et celui qu’ils se donnent pour objet. Cependant, au-delà de la diversité des objets, des disciplines, des terrains représentés et des positionnements, des points de convergence propres à établir un dialogue fructueux émergent de ce numéro.
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