Émigration et mythe
- Cahiers d'études germaniques
La thématique de cet ouvrage collectif s’inscrit dans une réflexion transdisciplinaire sur les problématiques de la modernité au XXe siècle. Dans la dialectique qui, depuis l’issue du Moyen-Âge, opposait la raison au mythe, le siècle des Lumières semblait consacrer le triomphe de la rationalité, préparant ainsi le terrain au déploiement de la société bourgeoise capitaliste et d’une vision scientiste et positiviste du monde. À la fin du XIXe siècle, le regain d'intérêt pour les modes de pensée subjectifs et irrationnels ou encore archaïques et mythiques est le symptôme d’une crise de la modernité qui, en Allemagne, favorisera l’avènement du national-socialisme. Les auteurs de ce recueil ont cherché dans les œuvres des intellectuels allemands et autrichiens exilés les traces d’une confrontation à une idéologie qui avait élevé le mythe de la race au rang de doctrine d’État, consommant la rupture avec les fondements mêmes du rationalisme humaniste. Entre combativité et découragement, approches critiques, réappropriations et réinterprétations d’un héritage mythique confisqué par le nazisme, recours aux contre-mythes ou réactualisations de mythes proscrits sous le IIIe Reich, les réponses de ces philosophes, romanciers ou poètes à la barbarie nazie sont diverses, mais tous expriment leur opposition à un régime qui avait fait du mythe une arme de guerre. Leurs réflexions soulèvent aussi et surtout la question de la permanence du mythe à l’ère de la modernité.
- Disponible