Giambattista Vico et les savoirs de la modernité

Giambattista Vico (Naples, 1668-1744) doit sans doute une partie de sa renommée internationale à la traduction de la Science nouvelle de Jules Michelet publiée en 1827 : depuis lors, les liens culturels entre la pensée de Vico et la tradition française ont été solides et durables. Le but de ce livre est de suivre le parcours intellectuel et littéraire de Vico, de révéler ses sources et l’ambiguïté de ses choix polémiques, par exemple son anti-cartésianisme affiché, accompagné de sa fascination pour l’esprit et même pour la langue de Descartes ; de montrer l’apport multiple que la culture des Lumières a donné à sa pensée, de détecter le rôle de la construction rhétorique et des études juridiques dans le développement de son système. Les résultats portent à dévoiler des aspects de son œuvre restés dans l’ombre, comme sa bataille pour l’engagement de l’homme de lettres dans la cité ou la nouvelle fonction accordée à l’imagination et aux sens. Au croisement entre littérature et philosophie, droit et philologie, méthode scientifique et anthropogonie, les quatre contributions ici recueillies (de Pierre Girard, Manuela Sanna, Raffaele Ruggiero et Roberto Evangelista) visent à montrer l’autonomie et le rôle de chaque expérience intellectuelle de Vico, à remettre Vico dans le contexte culturel qui fut le sien, à en faire un acteur essentiel de la République des Lettres à l’époque des Lumières, tout en révélant son rapport ambigu avec ses sources et ses fantômes polémiques.