L'école des "politiques" [1559-1598]
- Centre d'Etudes et de Recherches des Idées et des Institutions Politiques
Les "Politiques" sont ces magistrats et juristes qui ont pris la défense de la monarchie française, au cours des Guerres de Religion. Ce sont des catholiques d'idées modérées qui préconisent une politique de tolérance religieuse justifiée par l'idée que l'Etat doit être premier, par rapport aux questions de foi. Ebranlée dans son principe, la monarchie réclame, de leur part des "Politiques", une entreprise de clarification quant à ses fondements. Ils cherchent à restaurer l'Etat afin d'imposer la paix. Autour du Chancelier de l'Hospital, ils font le choix de faire du roi un arbitre au-dessus des factions. Derrière cette affirmation, il y a l'idée cruciale que le souverain ne peut être à la tête d'un parti. Certains juristes et savants, à l'instar de Pasquier, Le Roy ou du Haillan suivent les enseignements de Seyssel afin de rechercher dans le passé de la France la trace d'un régime mixte. Après la Saint-Barthélemy (24 août 1572), la radicalisation des idées politiques des monarchomaques et de certains catholiques encourage les "Politiques" à souscrire à l'idée d'un Etat fort. Bodin sera le théoricien de ce parti qui plaide en faveur de l'indépendance absolue du roi. Ce changement prouve que leur modération leur permet d'adopter l'attitude qu'ils jugent la plus compatible avec leur cause. Dans le but de défendre les droits d'Henri de Navarre à la couronne, ils associent la loi salique à la loi divine et à la loi naturelle. Ceci a pour conséquence que le prince détient un pouvoir d'essence divine qui fait de lui un deus in terris. En tant qu'interprète de la volonté divine, ce dernier détient un monopole législatif. Les politiques participent également au développement d'un patrimoine qui a pour conséquence visible que l’État est une unité qui s'incarne par le prince. Enfin, la conjonction de leur gallicanisme et de leur "irénisme" religieux semble, dans une large mesure, contribuer au ralliement des réformés protestants au giron de l’Église de Rome.
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