Guerre et terre en Afghanistan
- Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée
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Depuis 1978, la guerre s’est accompagnée de stratégies d’accaparement du domaine foncier, notamment dans les villes en pleine expansion. Par ailleurs, les réformes agraires, les migrations, les déplacements de population ont modifié les rapports sociaux et ethniques dans les campagnes, en rendant encore plus fragile le statut indécis de la propriété dans une société où prévaut le droit coutumier, plutôt que le droit musulman. L’une des ressources de légitimité des talibans tient au fait que leurs tribunaux s’avèrent, dans certains milieux, plus efficaces et moins arbitraires que ceux de l’État. La question agraire en Afghanistan est tout sauf « traditionnelle ». Elle est le fruit de transformations politiques et de changements sociaux accélérés qui se traduisent par l’appropriation privée de la terre, jadis indivise. Elle signale le processus de centralisation de l’État, sous le couvert des conflits qui l’ont ensanglanté, et la naissance d’une classe dominante que ceux-ci ont portée au pouvoir en marginalisant la domination des notables locaux.
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