Vingt regards sur Messiaen
- Arts
À l’heure de la marchandisation mondialisée, le « produit Messiaen » se vend bien. Le musicien, qui semble désormais, selon certains chiffres, le plus important du second xxe siècle, véhicule à l’étranger des archétypes culturels qui plaisent : sa foi illuminée, ses oiseaux, son colorisme. Mais cette « étiologie de la médiation » explore aussi d’autres pistes : la simplicité verticale (« chorale ») ; le néoromantisme du timbre qui irrigue parfois les œuvres symphoniques ; la synesthésie, si pertinente à l’heure de la fusion des arts ; ou encore les narrations qui gravitent autour de ce personnage, prisonnier de guerre, espiègle Papageno, héros touristique d’une France préservée, « Messie » redescendu pour son siècle scientiste, ou prophète de ce récit fantastique : l’Apocalypse qui hante le musicien durant un demi-siècle. Si dans l’ensemble, cette étiologie est finalement impure, distanciée des discours du maître, ce n’est pas que notre époque postmoderne, ce supermarché international, doive influencer la musicologie. C’est au contraire en hommage au vieux modernisme et à l’histoire au sein de notre géographie galopante.
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