Écrire la frontière : Walter Scott ou les chemins de l'errance
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Homme de la frontière, Walter Scott est bien placé pour écrire sur cette limite à la fois concrète, topologique et abstraite, théorique. Né entre deux âges, à Édimbourg, capitale écossaise aux deux visages divisée entre la Vieille Ville et la Ville Nouvelle, il est issu d’une puissante famille frontalière et a passé sa jeunesse dans les Borders, zone de marche entre l'Angleterre et l'Écosse, avant de s'y installer définitivement. Structure charnière et conjonctive, la frontière est la véritable héroïne de sa série des "Waveley Novels" dont le nom est tiré du titre du premier roman publié il y a deux cents ans. L'œuvre de Scott est d'entrée de jeu placée sous le signe du déplacement et plus particulièrement de l'errance qui fait référence à un voyage interminable et sans but précis. Waverley, le prénom du personnage éponyme, vient en effet du verbe « waver » qui, certes, signifie hésiter en anglais, mais qui a aussi le sens d'errer, de vagabonder en écossais vernaculaire où il est employé comme un synonyme du verbe « wander ». Les intrigues romanesques reposent sur ces jeux de traversées transfrontalières, à la fois physiques et symboliques, qui sont l'occasion d'épreuves initiatiques transgressives en accord avec l'autre sens du mot errance, synonyme de défiance et d'erreur.
Cette monographie s'interroge sur le rôle de la frontière chez Scott dans le contexte littéraire des récits de voyage sur l'Écosse avec Defoe, Pennant ou encore Johnson et Boswell, et dans le cadre historique de la tradition du voyage au XVIIIe siècle. L’objet de cette étude sur l'écriture de la frontière, et notamment du voyage erratique, est de dégager une voie du milieu que nous qualifierons de scottienne, c’est-à-dire propre à l’écrivain.
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