L'art épistolaire entre civilité et civisme
- Cahiers d'études germaniques
La civilité épistolaire est envisagée dans la longue durée, la théorie épistolaire de Gellert servant de terminus a quo dans le n° 70 et la correspondance entre Grass et Brandt de terminus ad quem dans le n° 71. Sont analysés divers types d'interactions entre privé et public par le truchement de correspondances dans lesquelles l'art de dialoguer servait à gérer les conflits d’idées ou les concurrences d’influences, ou encore à diffuser un savoir nouveau et promouvoir un code de valeurs en adéquation avec celui-ci.
Les articles se placent sous le signe des notions de « culture/civilisation » telles que Norbert Elias les a définies, et sous celui de « la sphère publique » dans la filiation de Habermas. Acte à la fois esthétique et social, l’écriture épistolaire est l’écho symbolique d’un ordre collectif et repose sur une expression calculée, contrôlée des émotions personnelles. Ce qui implique la construction de développements raisonnés, le recours à des ruses formelles à des fins de conquête sentimentale et de persuasion intellectuelle, le besoin de cultiver la communication, de l’entretenir ou de la susciter, le traitement de réflexions personnelles représentées comme indissociables d’enjeux collectifs, le croisement de responsabilités individuelles et de responsabilités collectives.
Ce numéro fait partie d’un programme de recherche soutenu par le CIERA sur « La civilité épistolaire en Allemagne au XVIIIe siècle : stratégies, conflits, réseaux, matérialité (1740-1815) ».
- Disponible