L'obsession communale
- Le temps de l'histoire
Le modèle communal français sert de référent à l’organisation administrative du territoire de l’Algérie française. Dans les années 1880, l’espace conquis a vu se multiplier une déclinaison d’entités communales diverses, dont la commune mixte. Pour ses concepteurs, la création de cette circonscription a une visée singulière : étendre la colonisation dans l’intérieur du pays par l’accroissement du peuplement européen dans des villages ; favoriser le contact entre colons et colonisés et développer une « éducation civique » de ces derniers. Constructions transitoires vers des commune de plein exercice, telles qu’elles existent en métropole, les communes mixtes perdurent néanmoins jusqu’en 1956, soit près de dix ans après leur mort institutionnelle.
La commune mixte de La Calle est érigée en 1884 et se délite en pleine guerre d’indépendance. Sa position frontalière avec la Tunisie contribue au façonnement de son histoire, celle d’un territoire de colonisation qui se développe et se rétracte au gré des mobilités de populations attirées par l’offre foncière du Protectorat. Dans le temps du conflit, c’est aussi la situation frontalière qui fait de cette marge de l’empire français aux confins du Constantinois un espace stratégique, une terre de repli et de ressources. Cet ouvrage analyse le processus de construction puis d’effacement d’un espace administratif inédit en contexte colonial. Il vise aussi à saisir, dans le temps long de l’Algérie rurale, les divers modes d’appropriation d’un territoire par l’ensemble des groupes qui forment son espace social.
- Disponible