Des arts qui ne sont plus beaux ou la puissance cachée du laid
- Arts
Depuis le milieu du XIXe siècle, les « arts qui ne sont plus beaux » ont conquis une place toujours plus grande dans l’art et dans l’esthétique. Aujourd’hui la beauté est souvent devenue source de défiance alors que le laid, le kitsch, l’immonde, l’abject font florès et fascinent, interpellent, attirant un public toujours plus nombreux. Mais la réflexion sur le laid est restée souvent superficielle, la condamnation esthétique du laid se doublant souvent d’un jugement de valeur moral. Près d’un siècle et demi plus tard, ce constat reste toujours d’actualité. Car si le beau réunit, le laid, théorisé, voire désamorcé par les post-hégéliens, reste un sujet tabou ou peu central dans l’esthétique alors que depuis Hugo, Baudelaire, Benn, Trakl, Heym et nombre artistes d’avant-garde, il a témoigné d’une puissance expressive, d’une force provocatrice et d’une fonction critique toujours plus puissantes. Cet ouvrage entend rompre avec le tabou de la laideur et refuser l’imbrication de l’esthétique et de la morale pour montrer en quoi la laideur formelle ou artistique constitue un fondement essentiel de la genèse de l’art moderne et du dialogue des arts franco-allemand. Promu comme ingrédient des sentiments mêlés au 18ème siècle et du grotesque romantique, comme fondement du réalisme et du naturalisme, puis comme vecteur essentiel de l’expressionnisme, le laid est devenu une catégorie esthétique autonome et le fondement d’une esthétique négative fondée sur la résistance et la provocation.
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